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L'origine de la méthode
Le travail au champ d’argile® a été créé par le professeur Heinz Deuser, dans les années 1970, alors qu’il était collaborateur de K.G. Dürckheim dans le centre de thérapie initiatique de Todtmoos-Rütte (Allemagne). Depuis quarante ans, il n’a pas cessé de développer et d’approfondir sa méthode; elle s’enracine de plus en plus dans le corps, s’appuie sur l’haptique, c’est à dire la science du toucher et rejoint les dernières recherches en neuroscience.
Cette technique a d’abord été mise au point à partir de la psychologie des profondeurs de C.G. Jung (images archétypales), de la Gestalt-psychologie (tout mouvement prend forme), des travaux sur le développement de l’enfant de J. Piaget (développement sensori-moteur de l’enfant) et de D. Winnicott (place de l’environnement et de la relation) ; elle prend ses racines entre autres dans la phénoménologie de Husserl et d’Heidegger et dans la pensée de Martin Buber. Par certains aspects, cela peut s’apparenter à de l’art-thérapie.
Le dispositif
Le champ d’argile® – Tonfeld® se compose d’un cadre en bois rectangulaire, posé sur une table, rempli à ras bord d’argile prête à être modelée. L’argile a été choisie comme matériau de travail car, bien que matière neutre, elle a la capacité d’accueillir et de dynamiser le mouvement des mains. Elle offre de multiples possibilités de mises en forme et de transformations. La forme même du champ d’argile® donne une structure, des limites, une orientation, un contenant…
L’accompagnant propose à la personne (enfant ou adulte) de s’asseoir devant une table sur laquelle est posé le cadre en bois rempli d’argile, un bol d’eau est disponible à coté du champ. Il est suggéré aux adultes de fermer les yeux pour être plus attentifs à leurs sensations et perceptions.
L’accompagnant invite à toucher le champ d’argile® et à « laisser faire les mains » en suivant les impulsions ; peu à peu des gestes, des mouvements vont se manifester, issus de besoins la plus part du temps très inconscients.
Il y a de multiples façons d’entrer en contact avec ce champ d’argile : très nombreuses possibilités de ressentis et d’actions propres à chacun, en lien avec son histoire, ses manques, ses blessures et sa nécessité intérieure.
Il y a en chacun de nous une puissante demande intérieure d’aller vers nous-même, dans notre vérité et de nous déployer.
Le processus va conduire à la satisfaction du besoin évoqué, que ce soit par une qualité de toucher, ou par une forme résultante du besoin manifesté.
Le thérapeute est présent, il accompagne le processus, soutient les gestes créatifs et vivants de la personne par de légères interventions verbales. Il valorise et valide l’expérience.
Pour finir, un temps est réservé pour échanger sur l’expérience, faire une relecture, et éventuellement faire des liens avec la vie et la biographie de la personne.
Dans le processus du champ d’argile®, tout le corps est impliqué par le biais des perceptions sensorielles, cutanées, proprioceptives et kinesthésiques, induites par la qualité du toucher et par les qualités ressenties de l’argile : douce, malléable, résistante, transformable…
A la fin d’une séance, la personne se trouve centrée, unifiée, bien positionnée, dans une juste relation équilibrée avec elle-même et avec l’environnement. Elle éprouve souvent un apaisement, une plénitude, de la joie…
Le processus
Si je touche, je suis touchée
phrase clé de compréhension du champ d’argile.
En touchant le champ d’argile®, en entrant en contact avec lui, viennent des sensations, des perceptions : froid, résistant, impénétrable ou chaud, doux, accueillant… Elles sont induites par la qualité du toucher (qualité haptique) : par exemple les mains peuvent être tendues, raides, ou bien caressantes, souples… Avec le toucher, la personne entière est dans sa main, tout l’être est impliqué.
Chaque premier toucher du champ d’argile® a une origine dite biographique, c’est à dire qu’elle renvoit à des expériences relationnelles passées : comment la relation à l’autre et au monde a pu s’établir, quels sont les empêchements, quels sont les besoins, quel est le potentiel, quel est la nécessité ici et maintenant ? Voilà l’enjeu de chaque processus.
Dans le champ d’argile®, toute perception entraine une action, un mouvement et tout mouvement entraine une nouvelle perception. c’est ce qu’on appelle « cercle de la Gestalt » (Viktor von Weizsäcker).
Il se crée une relation dynamique et dialectique entre la personne et l’argile, l’argile invite au mouvement. Cette relation tend vers la satisfaction du besoin de la personne. Ce besoin existentiel n’est pas conscient pendant le travail, il prend forme et devient clair dans la Gestalt finale, optimale.
Le travail produit une création originale, expression de l’énergie vitale, du soi. Le mouvement a pris forme, les besoins sont satisfaits, il n’y a plus de mouvement, plus de besoin.
En créant, on se crée soi-même ; cela transforme ses capacités de relation au monde, à l’autre et à soi-même.
C’est ainsi un travail unifiant, réparateur et structurant.